L@ Plume Verte-bandeau-2021-1000x700px-V2

Jef Reichardt et Yves Deleforterie

mardi 4 mars 2025

Plume Verte #68 : Statistiques de pathologies des volailles

Temps de lecture : ~ 4 minutes

L’ensemble des sites Chêne Vert réalise auprès de ses éleveurs des diagnostics de pathologie. Chaque examen clinique est enregistré pour permettre de constituer un dossier médical et suivre au mieux l’évolution sanitaire. Au-delà du suivi au quotidien d’un élevage, ce système permet un recul à plus long terme sur sa situation sanitaire : adapter le plan de prophylaxie, envisager la fabrication d’un auto-vaccin ou modifier la procédure de décontamination. Il est aussi possible de réaliser des études statistiques à l’échelle d’un organisme de production ou d’un secteur géographique et de suivre l’évolution année après année.

Pour chaque examen clinique, la pathologie et l’agent pathogène sont enregistrés. Voici quelques éléments statistiques sur les dernières années concernant le poulet de chair, la dinde de chair, les poulettes futures pondeuses et poules pondeuses d’œufs de consommation.

Chaque pourcentage d’une pathologie est un rapport entre le nombre de diagnostics de cette pathologie sur l’ensemble des examens cliniques. Par exemple, en 2024, il y a eu 27.5 % de coccidioses sur le poulet de chair. Ce n’est pas la prévalence de la maladie dans l’ensemble des élevages mais la part des coccidioses dans l’ensemble des diagnostics réalisés par Chêne Vert.

Poulets de chair : Arthrites et septicémies majoritaires

En production de poulet de chair, septicémies et arthrites bactériennes sont les maladies les plus souvent diagnostiquées avec une légère tendance à la diminution sur les 2 dernières années. Au contraire de la coccidiose, en légère augmentation, qui est la deuxième pathologie observée.

L’origine des septicémies et arthrites est multiple : Escherichia coli reste le principal agent pathogène incriminé et Enterococcus cecorum tient la seconde place représentant 15 à 20 % des cas, un peu plus en 2022, année particulièrement chaude, durant laquelle de nombreux épisodes d’arthrites et septicémies à Enterococcus cecorum ont été diagnostiqués.

Comme évoqué plus haut, les coccidioses ont tendance à augmenter en part de maladies diagnostiquées sur l’ensemble de nos examens cliniques : 27.5 % en 2024 contre 21 à 22 % les années précédentes. Eimeria acervulina et Eimeria maxima sont les 2 principales espèces observées.

 

Dindes de chair : Septicémies et problèmes digestifs

Septicémie, entérite et coccidiose sont les 3 pathologies les plus représentées de 2020 à 2024 en dindes de chair. Contrairement à la septicémie en diminution, coccidiose et entérite sont globalement en augmentation régulière depuis 4 ans.

La coccidiose est en augmentation constante depuis 2021 en pourcentage des cas diagnostiqués, avec un rapport globalement constant depuis 2021 entre coccidioses intestinales (72 %) et coccidioses caecales (28 %).

Concernant les septicémies sur 2024, 85% d’entre elles sont liés à Escherichia coli Sp.

Nous nous sommes également penchés sur les cas d’infection à Ornithobacterium rhinotrachéale (ORT) :
Près de 80% des épisodes de 2024 ont touché la sphère respiratoire. Cette dernière domine la proportion de cas depuis 2020. A noter la diminution en proportion des cas touchant la sphère locomotrice (ténosynovite à ORT) depuis 2 ans.

Poulettes futures pondeuses et repros: Coccidioses et septicémies bactériennes

En poulette future pondeuse œufs de consommation, coccidiose et septicémie sont les deux pathologies dominantes, représentant chacune plus de 20% des diagnostics depuis 2020. A noter la baisse en nombre de cas de septicémies amorcée depuis 2022.

Coccidioses : Les infestations à Eimeria tenella et brunetti sont les coccidioses les plus fréquentes.

NR = non référencé

Septicémies : Escherichia coli non sérotypable représente plus de la moitié des cas de septicémie sur les poulettes. Si on additionne l’ensemble des cas d’Escherichia sp on atteint plus de 80% des cas de septicémie en poulettes.

Les pathologies moins fréquentes, en dessous de 12% des diagnostics, sont nombreuses :

Poules pondeuses et repros : surtout des septicémies

La septicémie reste une dominante forte en poules pondeuse œufs de consommation. On voit apparaitre le parasitisme interne en deuxième pathologie la plus fréquente sur les données de 2020 à 2024.

Les épisodes d’Ascaridiose dominent le parasitisme interne, avec un pic au premier trimestre 2023. Le tænia, en bas bruit depuis quelques années émerge de nouveau depuis la fin de l’année 2024.

Concernant les septicémies, ce sont celles à Eschérichia coli sp qui représentent la grande majorité des cas.

Escherichia coli non sérotypable et 078K80 restent les germes les plus souvent isolés au laboratoire.

On note l’émergence (ou réémergence) de certaines pathologies : Rouget, pasteurellose et Campylobacter.

Conclusion : un outil de surveillance et de pilotage

Ce travail de saisie minutieux par l’ensemble des collaborateurs Chêne Vert permet de rester au plus proche du terrain et des évolutions des différentes pathologies. Il est essentiel pour réagir, s’adapter sur une échéance à moyen long terme, et prévenir autant que possible les problèmes sanitaires en élevage.
Ces données permettent de produire analyses statistiques et graphiques favorisant nos échanges quotidiens avec les éleveurs et organismes de production nous faisant confiance. Elles sont un atout non négligeable dans la vision globale de la pression sanitaire à un instant donné et dans le temps sur toutes les productions de la filière.

Article rédigé par Yves Deleforterie et Jef Reichardt , DMV Chêne Vert

yves deleforterie-modified

Après avoir suivi une spécialisation en aviculture en école vétérinaire, Yves Deleforterie a débuté chez Hendrix Genetics en Bretagne, où il s'occupait du suivi des élevages reproducteurs de dindes et de pintades, ainsi que des couvoirs associés.
Il a ensuite exercé en clinique, où il réalisait le suivi d'élevages de volaille de chair. Son parcours l'a conduit aux Émirats Arabes Unis pour s'occuper des outardes et des faucons. De retour en France, il a exercé comme inspecteur aux frontières à l'aéroport Charles de Gaulle, avant de rejoindre le cabinet Chêne Vert de Landivisiau, où il est actuellement en charge du suivi d’élevages reproducteurs, de pondeuses et de chair.

jef reichardt

Jean-Frédéric Reichardt a obtenu son doctorat en 1995 et exerce depuis en filière avicole. Après une expérience comme responsable d’un laboratoire d’analyses et vétérinaire conseil en Bretagne puis de vétérinaire conseil dans le Sud-Est, il a exercé 15 ans sur l’Île de la Réunion au service d’un groupement d’éleveurs de volailles. Au sein du cabinet Chêne Vert depuis 2018, il est actuellement en charge du suivi d’élevages sur le site de Moréac.