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Anouck Lemistre

mercredi 4 septembre 2024

Pass Porc n°26 : limiter le stress en élevage

Temps de lecture : ~3 minutes 40

Comme nous avons pu le montrer lors de la dernière lettre Pass Porc, les différentes situations en élevage, génératrices de stress pour l’animal comme pour l’homme, sont nombreuses. Nous allons donc choisir deux situations d’élevage fréquentes afin de présenter les bonnes pratiques permettant d’atténuer le stress et de travailler dans de meilleures conditions tant pour l’Homme que pour l’animal.

Limiter le stress hiérarchique lors des mises en groupe des truies

Le porc est un animal grégaire et hiérarchique. Suite à la période de blocage en verraterie, lors de la mise en groupe, les truies vont donc établir une hiérarchie qui dure environ 48 heures et qui passera par certains affrontements. Ces tensions entre animaux sont naturelles mais génératrices de stress. Pour limiter leurs conséquences négatives (boiteries, griffures, impact sur état général…) il faut réussir à tout mettre en place afin de les atténuer.

  1. Il ne faut pas baisser les rations alimentaires au moment de la mise en groupe. Au contraire, une augmentation d’environ 10% pendant 3 jours évite une compétition alimentaire qui accentue le stress hiérarchique, et contribue à la satiété des truies. Ce sentiment contribue à calmer les truies : elles vont ainsi se reposer et cherchent moins la compétition avec les congénères.
  2. Un environnement bien aménagé va également contribuer à limiter les bagarres. (zones de vie bien séparées, aires de repos bien délimitées et nombreuses séparations). En effet, les truies se couchent essentiellement le long des cloisons et des murs : ces zones sont assimilées à des « refuges ». L’enrichissement du milieu permet également d’assouvir les besoins naturels du porc qui explorent son milieu pour la recherche d’aliments mais aussi par curiosité. Ainsi occupées, les truies sont moins agressives entre elles.
  3. Etablir des groupes stables et de même gabarit est essentiel: séparer les jeunes et les plus petits gabarits des plus gros gabarits, souvent les multipares. En effet, la hiérarchie s’établit dans la plupart des cas par rapport de force. Il faut réussir à obtenir très rapidement une hiérarchie stabilisée. Pour cela, lors de bagarres trop importantes qui risquent de dégrader l’état général de certains animaux, il est préférable de retirer les moins dominantes. Si les plus dominantes sont retirées du groupe, , la hiérarchie doit se ré-établir et les conflits recommencent..
  4. La pulvérisation de répulsif ou de phéromones est utilisable en dernier recours.. La truie libère au moment de la mise-bas une substance maternelle appelée phéromone, diffusant un message apaisant pour les porcelets. L’utilisation de ces phéromones, à certains moments de stress comme la mise en groupe des truies, permet d’apaiser et de limiter la nervosité des truies. Par exemple, le Secure Pig Flash  est à pulvériser sur l’encolure de chaque truie 4 à 5 heures avant lle regroupement des animaux. Il faut, comme pour les répulsifs, renouveler souvent l’application. Pour le Secure Pig flash®, on conseille de le renouveler 5 jours après la mise en groupe.

Le déplacement des porcs charcutiers est une étape fréquente en élevage et qui peut être génératrice de stress pour les porcs et pour le manipulateur, si le déroulement est compliqué. Pour faciliter cette étape, un certain nombre de conseils peut s’avérer important.

Le porc est un animal sociable, il n’aime pas être seul. Il est donc préférable de le déplacer en petits groupes.

C’est aussi un animal curieux et néophobe (il a peur de ce qui est nouveau pour lui).  Il faut donc veiller à avoir un couloir dépourvu d’objets ou d‘obstacles qui pourraient le perturber, l’inquiéter ou éveiller sa curiosité. Il est également préférable de l’habituer au contact avec l’Homme en créant une relation de confiance avec lui. Aller régulièrement dans les cases en marchant calmement l’habitue à votre présence et diminue la zone de fuite.

Le porc est très sensible aux changements d’environnement : courants d’air, écart de température, bruits soudains, changement de sol… Il est attiré par la lumière, sauf si elle est éblouissante. Par ailleurs, il a une mauvaise acuité visuelle. Son champ de vision est large (310°) mais sa vision binoculaire n’est que de 50°. Son point de balance se situe au niveau des épaules. Compte tenu de ces éléments, il faut se positionner à l’arrière du porc mais pas dans son angle mort afin de ne pas l’appeurer.

Comment gérer le stress en élevage de porcs

Pour déplacer les porcs, il est important d’utiliser du matériel non blessant et qui ne génère aucune détresse. Utiliser un panneau et une rame à billes permet de générer des stimuli auditif et visuel, le bâton électrique est évidemment à proscrire. Le manipulateur doit être calme, éviter de crier, avancer au rythme des animaux.

Ainsi respecter les bonnes pratiques pour le déplacement des porcs réduit le temps de travail, améliore la qualité de travail et limite le stress tant pour les animaux que pour les manipulateurs.

Il est donc très important de bien connaitre les besoins fondamentaux du porc mais aussi de savoir que le porc est un être sensible capable de ressentir des émotions et bien sûr du stress. Il est primordial d’observer ses animaux et de reconnaitre les signes de stress et de mal-être afin d’y remédier. Bien connaitre le comportement du porc nous permet de mieux l’appréhender et de limiter le stress lors des différentes étapes de conduite d’élevage. En améliorant votre relation Homme-Animal, vous gagnerez en sérénité également dans votre travail en alliant efficacité et bien-être de tous.

Article rédigé par Anouck Lemistre, DMV Chêne Vert pour la revue Réussir Porc du 28 juin 2022

anouck lemistre

Anouck Lemistre est diplômée de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse depuis 2002.
Elle a rejoint Chêne Vert la même année et exerce depuis en en production porcine sur le site de Lécousse.