Introduction
La gale sarcoptique, causée par l’acarien Sarcoptes scabiei var. suis, constitue un problème sanitaire et économique pour les élevages porcins. Cette infestation parasitaire provoque des démangeaisons sévères, qui engendrent une baisse des performances de croissance, une diminution de l’efficacité alimentaire et de la fertilité. Si elle n’est pas contrôlée, elle peut entraîner des pertes économiques considérables, atteignant jusqu’à 100 € par truie et par an.
Comprendre la gale sarcoptique
- La gale sarcoptique est due à des acariens microscopiques (image 1) qui creusent des galeries dans la peau, causant des irritations et des infections secondaires. Elle peut se manifester par :
- Formes aiguës : Grattages intenses, croûtes dans les oreilles, boutons sur les flancs et l’abdomen.
- Formes chroniques : Hyperkératose (épaississement de la peau) se généralisant au corps, avec des lésions rugueuses et squameuses.
- Transmission : Elle se propage par contact direct, principalement des truies (réservoirs principaux) vers les porcelet.
Cycle de la gale sarcoptique
Impacts économiques et sur le bien-être animal
La gale affecte négativement le bien-être et les performances des porcs en :
- Réduisant l’efficacité alimentaire.
- Ralentissant la croissance des porcs charcutiers.
- Affectant la fertilité des truies.
- Favorisant des comportements liés au stress, caudophagie notamment.
Diagnostiquer la gale sarcoptique
Le diagnostic peut être complexe, surtout pour les formes subcliniques. Les outils disponibles incluent :
- Grilles cliniques : Développées par Chêne Vert, en partenariat avec Elanco, elles permettent d’évaluer l’hyperkératose et le cérumen dans les oreilles. Ces grilles sont des outils pratiques pour le terrain.
- Raclages cutanés : Il s’agit de gratter la peau avec une lame de bistouri, jusqu’à la rosée sanguine. Les différentes couches de peau récoltées lors des grattages sont ensuite observées au microscope. Cette méthode a une spécificité élevée (lorsqu’on voit un acarien on est certain que l’animal est contaminé) mais une sensibilité limitée (il est difficile de « tomber » sur un acarien lors du prélèvement). Cette méthode, est considérée le gold standard du diagnostic, mais elle est difficile à mettre en œuvre (contention des animaux, et observations chronophages au microscope).
- Tests sérologiques : Les kits ELISA sont disponibles sur le marché. Ils sont uniquement utiles pour vérifier qu’un troupeau est indemne.
Résultats des études menées au cabinet
Au sein de Chêne Vert, deux études ont été réalisées pour améliorer le diagnostic et le traitement de la gale :
- Validation d’une grille d’évaluation clinique : Testée dans un élevage infesté, cette grille s’est révélée utile pour suivre l’évolution des lésions sur le terrain. Elle permet notamment de juger de l’efficacité des traitements mis en place.
- Comparaison des traitements : Les traitements par injection d’ivermectine et application topique de phoxime ont été comparés. Les résultats seront publiés lors du prochain congrès européen de médecine porcine.
Prévenir et contrôler la gale
La gestion efficace de la gale et de la symptomatologie, repose sur une combinaison de suivis réguliers, du choix des traitements et de leur bonne mise en place (dose et intervalles entre les traitements).
Il est nécessaire de prendre contact avec votre vétérinaire si vous avez la moindre question à ce sujet.
NB : les produits acaricides, sont généralement des molécules neurotoxiques. Il est nécessaire de porter des équipements de protection lors de leur application : masque avec cartouches de type ABEK, gants, et combinaison imperméable.
Article rédigé par Ferdinand Launay, vétérinaire Chêne Vert.
Ferdinand Launay est diplômé de l'Université de Liège (Belgique) depuis 2017.
Il exerce en production porcine au sein de Chêne Vert sur le site de Loudéac depuis 2020.