Introduction :
Les anti-inflammatoires sont des médicaments qui permettent de lutter contre une inflammation. Ils ne peuvent être délivrés que sur ordonnance.
Deux molécules sont disponibles : l’acide acétylsalicylique (Aspirine®) et le paracétamol (Pracetam®, Piresol®). Les différences entre ces deux molécules sont présentées dans le tableau suivant :
|
Paracétamol |
Acide Acétylsalicylique |
Antidouleur |
+++ |
+++ |
Diminution de la fièvre |
+++ |
++ |
Diminution de l’inflammation |
+ |
+++ |
Temps d’action dans l’animal |
+ |
+++ |
Contre-indications |
Animaux déshydratés |
Plaies ouvertes – pouvoir anticoagulant |
AMM volaille |
Non |
Oui |
Présentation |
Liquide |
Poudre |
Quand prescrire un anti-inflammatoire :
- En préventif :
Lors d’une intervention pouvant être douloureuse, notamment les actions d’épointage et de traitement des griffes, il peut être prescrit un antidouleur pour le confort des animaux et les aider à gérer la douleur engendrée.
Lors d’une intervention de vaccination, le corps réagit au vaccin et le risque de fièvre est plus important. Si on ajoute à cette réaction la manipulation des animaux qui peut entrainer des douleurs (notamment aux pattes à la suite de mauvaises réceptions), l’utilisation d’un antidouleur, peut aider les animaux à récupérer plus vite.
- En cas de pathologies
Toute maladie entraine de la douleur et de l’inconfort pour l’animal. L’anti-inflammatoire seul, ne permet pas de guérir les animaux ; mais il ajoute du confort et peut permettre une récupération plus rapide. Lors d’infection à entérocoques/ORT[i] entrainant des boiteries, l’anti-inflammatoire permet de limiter la douleur et de conserver une certaine mobilité pour se nourrir et s’abreuver. Lors de passages viraux, les fortes fièvres provoquées par les infections virales peuvent être combattues par l’utilisation d’un antipyrétique (« anti fièvre ») et permet également de conserver une mobilité des animaux leur permettant de continuer à se nourrir et à boire.
[i] Ornithobacterium rhinotracheale
Comment et quel anti-inflammatoire prescrire :
- Le paracétamol :
Le paracétamol est l’anti-inflammatoire le plus utilisé en médecine humaine pour ses propriétés antidouleur et antipyrétique.
Son utilisation en préventif est plus intéressante, notamment lors d’intervention (épointage/griffe) car il n’a pas d’effet sur la coagulation, limitant ainsi les risques d’hémorragies. Il doit être mis en place 24h avant l’intervention prévue de façon à couvrir la douleur lors de l’intervention, et sera poursuivi 48h après celle-ci pour limiter la douleur post-intervention. Lors d’une intervention de vaccination seule, par voie injectable, il sera également préféré à l’acide acétylsalicylique pour limiter les risques d’hémorragies au point d’injection.
Son utilisation au démarrage dans la prévention de la douleur à la suite des traitements du bec et des griffes au couvoir est à associer à une parfaite hydratation des animaux dès leur arrivée, car il peut entrainer des complications rénales sur les animaux déshydratés.
- L’acide acétylsalicylique
L’acide acétylsalicylique plus connu sous le nom Aspirine, a un pouvoir antidouleur encore plus puissant, mais il est également antiagrégant plaquettaire, c’est-à-dire qu’il fluidifie le sang en limitant la coagulation lors d’utilisation prolongée.
Son utilisation lors de pathologie sera plus intéressante du fait de son action anti-inflammatoire plus puissante notamment lors de syndrome fébrile associé aux passages viraux. La durée d’utilisation est à adaptée en fonction de la pathologie, en complément de l’antibiotique sur des boiteries infectieuses, ou sous forme de cure lors de boiteries chroniques … Le temps d’attente en poulet est de 1 jour, pour un traitement de 3 jours.
Intérêt de la prescription d’un anti-inflammatoire :
Le premier intérêt de l’administration d’anti-inflammatoire en élevage de volaille de chair, est le bien-être animal. Les animaux présentent ainsi moins de douleur et de souffrance sur des actes traumatisants ou fiévreux.
Le deuxième intérêt est économique. Effectivement, si les animaux souffrent moins, leurs habitudes ne sont pas modifiées, et on n’observe pas de chute de consommation ou de pertes de GMQ dans les jours suivants.
Conclusion
La prescription d’anti-inflammatoire en volaille, de la responsabilité du vétérinaire, est une pratique peu répandue actuellement. Ces produits sont parfois administrés en préventif, notamment en élevage de canards lors des traitements de bec ou de griffe, ou en élevage de dindes pour limiter les douleurs liées à des épisodes de boiterie. Afin de favoriser le bien-être animal en élevage, leur utilisation pourrait être systématique lors d’interventions douloureuses et à réfléchir en complément d’un traitement lors de pathologie.
Le choix des molécules à utiliser est limité et une seule molécule possède une AMM en volaille (poulet). Les autres doivent être utilisées « dans le cadre de la cascade » ce qui implique des délais d’attente supplémentaires.
L’utilisation des anti-inflammatoires en élevage de volaille apporte un réel gain en termes de confort, donc de bien-être animal, mais également pourrait permettre une récupération plus rapide des animaux lors de pathologie, et par extension un bon maintien des paramètres zootechniques en cours de lot.
Article rédigé par Emilie DUTHON, DMV Chêne Vert
Emilie DUTHON diplômée de l'école Oniris à Nantes en 2015 et exerce en filière avicole au sein du cabinet Chêne Vert, sur le site de Varades (44).