On dit souvent que l’eau est le premier aliment du porc, il convient alors de prendre garde à sa disponibilité et à sa qualité.
L’absence de soif fait partie des 5 piliers du bien-être animal définis par l’organisation mondiale de la santé animale, la réglementation a d’ailleurs introduit ce concept en précisant que « tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à l’eau fraîche en quantité suffisante ». Outre cette réglementation, l’eau est essentielle pour le développement et la croissance de tout organisme vivant, au même titre que l’énergie, les minéraux et les vitamines.
Il est alors primordial de porter une attention particulière à la quantité et à la qualité de celle-ci. Au niveau de la quantité, elle est censée être mise à disposition de manière ad-libitum, afin que le cochon adapte sa consommation à ses besoins. Il convient de suivre les recommandations en terme de nombres d’abreuvoirs et de leurs débits respectifs. Un accès à l’eau insuffisant est un important facteur de risque du développement de stéréotypies ou de comportements déviants, type caudophagie. Au contraire des débits trop importants au niveau des pipettes peuvent entrainer une augmentation du prélèvement d’eau de l’ordre de 15 à 20%. Généralement, pour des animaux en croissance, la consommation est estimée à 10% du poids vif. Pour les truies en lactation, la disponibilité en eau est capitale, puisqu’elle conditionne une production laitière optimale. Dans l’un de nos élevages, tel qu’on peut le voir sur le graphique, en maternité on a constaté une consommation quotidienne pouvant aller jusque 46 litres.
Il convient également d’être attentif à la qualité de l’eau. Pour ce qui est de la fréquence des analyses, une analyse physico-chimique doit être réalisée tous les 2 ans alors qu’une analyse bactériologique doit l’être tous les ans.
La première, permet de déterminer les caractéristiques physiques et chimiques de l’eau afin d’adapter son traitement. Les principaux paramètres à mesurer sont : le pH, la dureté, le fer, le manganèse et la conductivité. Des paramètres hors-normes nécessiteront un traitement approprié (déferrisation, démanganisation…) afin que puisse être incorporé à l’eau, un produit de traitement, ou un médicament.
L’analyse bactériologique quant à elle, permet de mettre en évidence une éventuelle contamination bactérienne. Quatre critères sont à mesurer : les coliformes totaux, les coliforme fécaux, les streptocoques fécaux, et les anaérobies sulfito-réducteurs (ASR). La norme est simple : 0 germe ! Cette analyse est à réaliser annuellement, car tout paramètre anormal, aura des répercussions immédiates sur la santé des animaux et nécessitera donc une correction rapide. Une étude interne à Synthèse élevage, a mis en évidence sur un échantillon de 44 eaux traitées, 56% de non-conformités !
La qualité de l’eau passe également par l’hygiène des canalisations et abreuvoirs, il est important de penser à un potentiel encrassement du système de distribution en cas de mauvaise analyse microbiologique. Différentes méthodes, mécaniques ou chimiques, existent pour effectuer un nettoyage complet.
Le mot de l’expert :
Si vous constatez subitement une modification de comportement dans une case. Pensez notamment à mesurer ou à faire mesurer les courants vagabonds de l’eau et des abreuvoirs. En cas d’anomalie (tension >40mV ou fréquence >0Hz) à ce niveau il faudra réaliser une mise à la terre de l’eau (via un tube en inox) et des abreuvoirs.
Article rédigé par Ferdinand Launay, DMV Chêne Vert pour la revue Réussir Porc du 25 février 2022
Ferdinand Launay est diplômé de l'Université de Liège (Belgique) depuis 2017.
Il exerce en production porcine au sein de Chêne Vert sur le site de Loudéac depuis 2020.