Les diarrhées néonatales peuvent être un problème récurrent lourd à gérer en élevage. Elles peuvent entraîner de nombreuses conséquences : une augmentation des pertes en maternité, une baisse du poids de sevrage avec des conséquences sur les performances en post sevrage ou en engraissement, une déstabilisation des équipes par le caractère anxiogène que représente la présence de porcelets en souffrance parfois difficiles à soigner.
Nous allons dans cet article revenir sur les différents germes qui ont pu être mis en cause au laboratoire sur les derniers mois.
Résultats de l’enquête
L’enquête a été réalisée sur l’année 2021 sur 180 porcelets concernant 88 dossiers de problématique de diarrhée néonatale. Les porcelets soumis au laboratoire avaient majoritairement un âge compris entre 2 et 5 jours de vie ce qui correspond à nos observations sur le terrain.
Dans ces dossiers les analyses les analyses suivantes ont été réalisées :
- Bactériologie : recherche des bactéries présentes dans les différents segments du tube digestif
- Recherche de rotavirus
- Histologie : observation des lésions au microscope, cette analyse permet de confirmer les orientations données par les recherches bactériologiques et histologiques.
Germes impliqués
- Rotavirus : 58% des cas présentent des lésions histologiques d’allure virale. Dans ces cas un isolement de rotavirus par PCR a permis de confirmer le diagnostic dans au moins 62% des cas
- Colibacillose : 8% des dossiers présentaient des lésions de colibacillose. Dans ces cas, un isolement de colibacille présentant des facteurs de virulence a été isolé dans 50% des cas
- Clostridium perfringens : ……………
- Enterococcus hirae : ce germe a été identifié dans 40 % des cas soumis
Que retenir de cette enquête ?
On entend encore régulièrement que les diarrhées néonatales sont de la colibacillose ; cela n’est plus le cas. La vaccination des truies contre les colibacilloses néonatales est présente dans de nombreux élevages et est efficace si elle est bien réalisée.
Le rotavirus est très régulièrement impliqué dans les problématiques de diarrhées néonatales. Aujourd’hui peu de solutions thérapeutiques sont disponibles, 2 vaccins destinés aux bovins sont disponibles sur le marché, ces vaccins donnent globalement de bons résultats dans les cas de diarrhées virales confirmées. Un vaccin avec une autorisation pour l’espèce porcine devrait être disponible d’ici début 2023.
L’isolement de Clostridium perfringens type A sans autre identification de germes dans un dossier de diarrhée néonatale est rare. L’implication de ce germe reste difficile à valider. Cependant de nouveaux vaccins sont désormais disponibles et peuvent faire partie de l’arsenal thérapeutique à disposition.
Les isolements d’Enterococcus hirae restent les isolements bactériens les plus fréquents et sont à prendre en compte. Les méthodes de prévention (vaccination notamment) restent encore peu fiables.
Il est fréquent d’avoir une association de germes identifiés sur un même porcelet atteint de diarrhée. Il est alors souvent assez difficile de déterminer si un des germes est prioritaire ou non.
Les germes sont-ils au centre des problèmes de diarrhées néonatales ?
Les diarrhées néonatales sont l’exemple parfait d’un problème sanitaire qui peut avoir de nombreuses origines :
- Confort du porcelet à la naissance. Le porcelet n’a pas de réserve énergétique à la naissance, s’il a froid ou s’il a du mal à se sécher, le risque de diarrhée augmente de façon importante.
- Prise colostrale. Le porcelet nait naïf immunitairement, c’est la prise du colostrum qui lui confère une immunité. Les vaccins visant à limiter les diarrhées néonatales injectés aux truies visent cet effet. Si la prise colostrale pose souci, les vaccins ne seront pas efficaces.
- Hygiène et biosécurité interne. La maitrise de l’hygiène est centrale. La plupart du temps les procédures de lavage désinfection en élevage sont bien appliqués, mais souvent les mesures de gestion des flux de personnes posent un problème. Les changements de chaussures sont rares entre salles de maternité si bien qu’en cas de crise il y a souvent une dissémination des germes dans l’intégralité des salles.
- Alimentation de la truie. Elle est souvent au centre des problèmes, les problèmes de congestion mammaire sont assez fréquents notamment dans les 3 premiers jours de lactation, ces congestions entrainent une variabilité de la consommation de lait par le porcelet et favorisent l’apparition des diarrhées.
- Qualité de l’eau de boisson. L’eau mise à disposition des truies et des porcelets doit être conforme bactériologiquement.
- La présence de germes responsables de diarrhées. C’est ce moment qu’intervient l’importance du diagnostic. Un bon diagnostic repose avant tout sur une bonne sélection des porcelets. On veillera toujours à choisir de beaux porcelets en tout début de diarrhée. Cependant il faut toujours garder à l’esprit qu’une stratégie de gestion des diarrhées qui ne se repose que sur la gestion d’un germe ne donne pas toujours les résultats attendus.
Pour chacun de ces paramètres il est possible de dire s’il y a une situation à risque ou non dans l’élevage
- Evaluation du comportement des porcelets lors des mises bas
- Contrôle de la prise colostrale : Chêne Vert a mis au point une méthode d’évaluation de la prise colostrale et peut vous accompagner dans cette démarche.
- Contrôle de désinfection
- Audit de biosécurité interne en maternité (flux d’animaux, flux de personnel, gestion du matériel de soin…)
- Contrôle des congestions mammaires
- Contrôle du transit alimentaire
- Contrôle des températures corporelles des truies après mise bas
- Analyse d’eau
- …
L’analyse de ces paramètres se fait en se basant sur des critères objectifs et quantifiables.
Conclusion
La gestion d’un cas de diarrhée néonatale en élevage porcin est complexe car elle met en jeu de nombreux paramètres. Agir sur tous les paramètres en même temps est souvent impossible. Il est alors important lister les principaux facteurs de risques en se basant sur des critères objectifs. Ensuite, le but est d’exclure ces facteurs de risque un à un en commençant du plus simple à mettre en œuvre au plus compliqué. Cette démarche donne la plupart du temps de bons résultats.
Fabien Larcher est diplômé de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse depuis 2008.
Il exerce en production porcine au sein de Chêne Vert sur le site de Loudéac depuis 2009.