Résultats d’une étude sérologique menée sur les phases post-sevrage et engraissement

Au sein du cabinet, nous avons récemment mené une étude sérologique en fin de post-sevrage et en fin d’engraissement pour estimer la prévalence d’Ascaris suum en fonction de l’âge des animaux.

Pour cela, 20 porcelets d’environ 10 semaines d’âge ont été bouclés et prélevés en prise de sang. Ces mêmes 20 porcelets ont été prélevés une 2ème fois vers 22 semaines. Pour chaque sérum prélevé, une analyse sérologique recherchant des anticorps ciblant la larve migrante d’ascaris a été réalisée au sein du laboratoire Bio Chêne Vert, sur son site de Châteaubourg.

Les résultats sont présentés dans le graphique ci-dessous. On observe sur le graphique une corrélation entre le titre sérologique à 10 semaines d’âge et le titre sérologique à 22 semaines d’âge.

 

Vous pouvez également retrouver l’ensemble de cette étude sur notre site Chêne Vert sous forme d’un poster présenté lors du congrès European Symposium of Porcine Health Management en Mai 2022. ESPHM 2022 (chenevert.vet)

Que retenir de cette étude sérologique ?

• L’étude sérologique met en évidence des porcelets positifs dès 10 semaines d’âge. Une infestation très précoce du porcelet est donc possible.
• A 22 semaines d’âge, les titres sérologiques sont beaucoup plus élevés et ce d’autant plus que l’infestation est précoce.

Moyens de lutte contre Ascaris suum

1. Limiter le risque d’infestation précoce en maîtrisant le parasitisme sur le troupeau de truie

Comme nous l’avons vu dans l’étude sérologique, il y a une corrélation entre les titres sérologiques observés en fin de post-sevrage et ceux observés en fin d’engraissement. Il faut donc tout mettre en œuvre pour limiter le risque d’infestation précoce des porcelets. Cela passe par une vermifugation du troupeau de reproducteur avec un vermifuge ciblant les 3 stades de ce parasite : œufs / larves / adultes.

Ainsi, différents protocoles peuvent être mis en place :

• Vermifugation de masse de tout le troupeau reproducteur tous les 3 mois.
• Vermifugation bande à bande, dans l’idéal une semaine avant l’entrée en maternité.
• ​Enfin, n’oubliez pas les cochettes en quarantaine, à vermifuger à leur entrée.

Prenez contact avec votre vétérinaire traitant pour valider ces protocoles de vermifugation.

Conclusion : l’objectif de la vermifugation des reproducteurs est de limiter la contamination précoce des porcelets ainsi que l’impact d’une infestation parasitaire sur des reproducteurs.

2. Casser le cycle parasitaire sur les porcelets / porcs charcutiers

L’objectif de la vermifugation des porcelets / porcs charcutiers est de casser le cycle parasitaire. Il faut éviter au maximum la présence de parasites adultes dans l’intestin qui pondent des œufs. Si le cycle se fait, la quantité d’œufs présents dans l’environnement augmente très rapidement.

Pour cela, il convient donc de vermifuger les porcs toutes les 6 semaines à partir de 6 semaines d’âge :

• Protocole « classique » : vermifugation à 6 et 12 semaines d’âge.
• Protocole « renforcé » : vermifugation à 6 semaines d’âge puis toutes les 6 semaines jusqu’à l’abattage.

Prenez contact avec votre vétérinaire traitant pour valider ces protocoles de vermifugation sur les porcelets / porcs charcutiers.

Conclusion : l’objectif de cette vermifugation sur les porcelets / porcs charcutiers est de casser le cycle parasitaire pour limiter la contamination de l’environnement par des œufs d’ascaris adulte ET de limiter les impacts zootechniques et sanitaire de l’infestation parasitaire.

3. Limiter la persistance des œufs dans l’environnement

Quoiqu’il arrive, la contamination commence toujours par l’ingestion d’un œuf d’ascaris. Plus un porc ingère d’œufs et plus le risque d’une infestation massive est important. Il est donc impératif d’avoir un bon protocole de nettoyage et désinfection en vide sanitaire.

Une gestion de la case ou du bâtiment en tout plein / tout vide est une mesure indispensable. En effet, il va falloir un temps de vide sanitaire pour mettre en place un bon protocole de nettoyage et désinfection sur cette phase sans animaux dans la case ou le bâtiment. Pour les parcours / les zones en terre battue, une rotation des parcs est nécessaire.

Etape 1 : le nettoyage.

Les œufs d’ascaris sont avant tout contenus dans les déjections. Le curage / le lavage vont mécaniquement éliminer beaucoup d’œufs d’ascaris de l’environnement. Les déjections sont donc à évacuer.

Etape 2 : le détergent.

Après un bon lavage qui permet d’éliminer visuellement l’ensemble des déjections, il est important de mettre en place un détergent. Celui-ci va permettre d’éliminer le biofilm / les dépôts gras. Là encore, des œufs d’ascaris vont trouver un milieu favorable pour survivre dans un biofilm. En appliquant un détergent et en le rinçant, on va mécaniquement éliminer des œufs d’ascaris.

Etape 3 : la désinfection.

Malheureusement, les œufs d’ascaris sont très résistants aux désinfectants usuels. Cependant, ils sont sensibles à la chaleur. Une désinfection à la chaux vive permet ainsi de réduire la pression.

1. Après lavage et séchage du bâtiment, appliquer la chaux vive. Protégez-vous avec des EPI (équipements de protection individuelle). On applique 500g/m² de chaux vive.
2. Activer la chaux vive avec de l’eau. On applique le même équivalent en eau, 500ml/m².
3. Laisser agir environ 12 heures, la chaux va chauffer une fois activée. C’est cette étape qui tue les œufs d’ascaris.
4. Finir d’éteindre la chaux en la mouillant de nouveau et la balayer. Cette dernière étape doit nous permettre d’éviter tout risque d’incendie du bâtiment ainsi que tout risque de brûlure pour les animaux.

Cette étape de désinfection à la chaux vive peut très bien être réalisée en 2ème désinfection dans votre bâtiment suite à l’utilisation de votre désinfectant habituel.

Article rédigé par Thomas GIN, DMV Chêne Vert

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Thomas Gin est diplômé de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse depuis 2009.
Il exerce en production porcine au sein de Chêne Vert sur le site de Saint Mars La Brière depuis 2020.