La longévité des vaches
La longévité des vaches laitières fait l'objet d'un intérêt croissant ces dernières années.
L’augmentation de la durée de présence des vaches dans un troupeau est intéressante à plus d’un titre : elle bénéficie à l’équilibre économique de l’élevage et permet en même temps de réduire l’empreinte environnementale.
Pourquoi l’améliorer ?
Pour améliorer l’efficacité alimentaire
Parce qu’elles n’ont plus de besoin de croissance à satisfaire, les vaches en 3ème lactation et plus produisent davantage de lait par kilo d’aliment consommé.
Pour réduire le nombre de génisses de remplacement à élever
Les élevages dont les vaches restent productives plus longtemps auront besoin de moins de génisses de remplacement et moins d'animaux en général. Ce qui signifie moins de fourrage et d’aliments consommés et moins de surfaces de bâtiments nécessaires.
Pour réduire l’empreinte carbone
Grâce à l’allongement de la longévité moins de gaz à effet de serre et moins d’effluents seront produits par kilo de lait.
Pour augmenter le lait produit par jour de vie
Les vaches n'atteignent pas leur pleine maturité avant leur 3ème lactation. C’est à partir de ce moment qu’elles expriment leur plein potentiel en produisant le plus de lait. De nombreuses vaches quittent le troupeau avant même d'avoir terminé leur 3ème lactation et n'atteignent pas leur potentiel génétique.
Selon une étude canadienne l’allongement de la longévité permet dans le même temps de diminuer le taux de réforme de 9%.
Comment l’améliorer ?
En ayant une bonne connaissance des motifs de réforme
Un enregistrement régulier et précis du motif à chaque sortie d’une vache est primordial pour pouvoir analyser la situation de manière pertinente. Une fois ces raisons identifiées, des pistes d’amélioration peuvent être proposées.
Par la sélection génétique
Même si la longévité en elle-même n’est pas très héritable, le fait de sélectionner des vaches fonctionnelles dotées de bons aplombs et de bonnes qualité mammaires est un excellent départ pour leur assurer une longévité prolongée. La sélection génomique est un accélérateur de progrès dans ce domaine.
Des stratégies de croisement de races pourraient également, dans certaines situations, apporter des bénéfices intéressants.
En veillant constamment à la qualité et à l’équilibre nutritionnel de la ration distribuée.
La période de transition (de 3 semaines avant à 3 semaines après le vêlage) est à surveiller plus particulièrement. Environ 10% des vaches quittent le troupeau dans les 30 jours suivant le vêlage en raison de divers troubles métaboliques ou troubles de la reproduction qui pourraient être évités en fournissant une alimentation adaptée autour du vêlage.
En améliorant le confort
Pour aider les vaches à donner le meilleur d'elles-mêmes tout au long de leur carrière et à être productives plus longtemps, les conditions doivent être idéales. L’aménagement du bâtiment doit permettre d’avoir accès à de l'eau propre, à une alimentation adaptée. Le tout dans de bonnes conditions d’ambiance (température, humidité). La circulation vers les différentes zones (abreuvoir, auges, zones de couchage) doit pouvoir se faire de manière fluide. Le rythme physiologique des vaches doit être respecté le plus possible.
En améliorant la conduite de la reproduction
Un suivi régulier et rigoureux de la reproduction qui passe par le contrôle de l’involution utérine, la détection, le traitement des endométrites, la prise en charge des vaches infertiles et une détection efficace des chaleurs, permet de réduire l’intervalle vêlage-IA fécondante et l’intervalle vêlage-vêlage (IVV). Ceci concoure in fine à la réduction des réformes subies et à l’augmentation de la quantité de lait produite par jour de vie.
En réduisant les boiteries
Les boiteries ont un impact fort sur la longévité des vaches. La douleur et l’inflammation générées, même par des boiteries d’apparence légères, limitent les déplacements. Ceci pénalise l’ingestion et l’expression des chaleurs. Il est alors important de mettre tout en œuvre pour limiter l’apparition des boiteries et intervenir rapidement dès l’apparition des 1ers signes.
En optimisant l’élevage des génisses
Un surplus de génisses de remplacement peut augmenter les taux de réforme et réduire la longévité des vaches dans le troupeau. Le fait d’élever trop de génisse incite souvent à accélérer le rythme des sorties et à se séparer de vaches qui auraient pu produire plus longtemps tout en étant en bonne santé.
Une alimentation adaptée qui permet une croissance soutenue de la naissance à 6 mois d’âge (900 à 1000 g de GMQ) contribue également à une meilleure productivité dès la 1ère lactation. Chaque gain de GMQ de 100g permet une production supplémentaire de 225 kg de lait en 1ère lactation. Les risques de réforme prématurée pour défaut de performance seront plus faibles.
La maitrise des boiteries nécessite régularité et rigueur que ce soit dans l’observation des animaux mais également dans les traitements instaurés.
L’accompagnement par un expert permet de tenir ces objectifs sur le long terme. La rentabilité de l’élevage en sera améliorée.
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Cet article est rédigé par Christian Engel, DMV Chêne Vert.
Christian Engel est diplômé d'Oniris depuis 1997.
Il a rejoint Chêne Vert en 2018 et exerce depuis en consulting vache laitière sur le site de Lécousse.