Les boiteries des vaches laitières impactent leur bien-être et leur productivité.
Leur incidence dans les troupeaux est élevée : 37% en moyenne avec une plage variant de 0 à 79% (Barker et al).
Elles ont un impact négatif sur la longévité, la fertilité et la production laitière.
Ces conséquences négatives peuvent déjà survenir avant même que la boiterie ne soit visible. Seule une évaluation régulière de la locomotion permettra une détection et donc une prise en charge précoce des boiteries. La clé d’une guérison rapide est à ce prix.
Un constat accablant
38 jours : c’est le délai moyen entre le début d’une boiterie identifiée et sa prise en charge ! (Groenvelt et al)
Et plus le traitement est tardif, plus les chances de guérison sont réduites : on passe de 69% à 15% de guérison lorsque le délai de prise en charge dépasse 2 semaines (Thomas et al).
Au même titre que d’autre maladies, telles que les mammites, c’est bien la précocité de la détection qui est la clé du succès en matière de maitrise des boiteries.
Quels sont les moyens qui peuvent être mis en œuvre ?
De nombreuses techniques basées sur les nouvelles technologies (accéléromètres haute fréquence, thermographie infrarouge, caméras, etc…) sont en cours de développement. Elles sont encore souvent à ce jour au stade expérimental et peu d’outils sont opérationnels en routine en élevage.
Mais quelle que soit la technique employée, c’est avant tout la formation des éleveurs à la détection et la prise en charge précoce qui sont pertinentes et peu onéreuses.
Pour arriver à une maitrise efficace et durable des boiteries, il convient alors de mettre en place une démarche préventive rigoureuse qui implique l’éleveur à plusieurs échelons.
Selon une enquête, 20 % des éleveurs estiment, pour diverses raisons (manque de temps, d’expérience, de matériel, …), manquer d’efficacité sur la prise en charge des boiteries.
Les boiteries sont d’origines multifactorielles. Pour certaines, la source est infectieuse et pour d’autres, elle est liée à des facteurs mécaniques ou des erreurs de management. Une connaissance du type de lésion, associée à une approche structurée pour s’attaquer aux causes sous-jacentes, sont nécessaires pour maîtriser les boiteries.
La maitrise des boiteries doit alors passer par :
- une détection régulière et précoce des vaches boiteuses par une notation de la mobilité
- une prise en charge la plus précoce possible des vaches boiteuses : parage fonctionnel, gestion des activités de routine des animaux (temps de repos, d’alimentation, de circulation, durée de la traite ...)
- un enregistrement des lésions et une interprétation des données obtenues au fur et à mesure des traitements mis en place.
Une démarche qui permettra de maitriser les boiteries sur le long terme doit comporter les différentes étapes suivantes :
- état des lieux : une notation de la mobilité, consistant à évaluer la qualité de la locomotion de toutes les vaches doit être réalisée de manière régulière pour permettre de sélectionner les vaches à parer.
- identification et notation des lésions au moment du parage. Cela permet d’établir une cartographie et un diagnostic des boiteries.
- analyse des facteurs de risque en lien avec le type de lésions relevées au moment du parage.
- plan d’action : il a pour objectif de hiérarchiser les actions correctives à mettre en place.
- mise en place d’un suivi continu : le plan d’action ne réduira pas à lui seul les problèmes de boiteries. La phase de suivi est probablement l’étape la plus importante pour permettre des changements efficaces sur le long terme. Le nombre de visites de suivi par un spécialiste du pied est à définir au cas par cas. Il dépendra de l’incidence des boiteries, de leur sévérité et du type de lésions identifiées.
- formation : lorsque tout ou une partie du parage est réalisé par l’éleveur il est important de faire évaluer régulièrement la technique de parage par un professionnel du parage (notation de la locomotion, technique de parage, identification des lésions).
La maitrise des boiteries nécessite régularité et rigueur que ce soit dans l’observation des animaux mais également dans les traitements instaurés.
L’accompagnement par un expert permet de tenir ces objectifs sur le long terme. La rentabilité de l’élevage en sera améliorée.
Cet article est rédigé par Christian Engel, DMV Chêne Vert.
Christian Engel est diplômé d'Oniris depuis 1997.
Il a rejoint Chêne Vert en 2018 et exerce depuis en consulting vache laitière sur le site de Lécousse.