L’eau est un nutriment essentiel pour les vaches laitières. Elle conditionne en grande partie la valorisation de la ration distribuée et doit donc être fournie de manière appropriée.
Quantité, qualité, débit, température, facilité d’accès sont des éléments essentiels à prendre en considération. Ils permettent d’optimiser l’ingestion de la ration permettant d’aboutir à une expression maximale du potentiel laitier.
Quantité
La quantité d’eau bue par une vache en 24h varie de 40 à 170 litres. Cette quantité fluctue en fonction des conditions environnementales, notamment la température ambiante, la composition de la ration, le stade physiologique principalement. La production laitière, en particulier pour les vaches hautes productrices, a également un impact.
Il existe différente équation qui permettent d’estimer de manière assez précise le volume d’eau qui doit être bu. L’équation de Murphy est l’une des plus utilisée (1) :
Quantité bue = (16 litres + 0.9 x niveau de production (kg/j) + 1.58 x quantité de matière sèche ingérée (kg/j) + 0.05 x quantité de sel distribuée (g/j) + 1.2 x température moyenne de la semaine).
Débit
Le débit est un élément majeur à contrôler. Une vache boit au rythme de 15 à 20 litres par minute. L’idéal est que le débit dans les abreuvoirs soit semblable. Plus le temps passé à l’abreuvoir est court et plus cela sera bénéfique à l’animal ; il n’empiètera pas sur son temps de rumination et limitera la fréquence de comportements délétères subis pour une dominée.
Un abreuvoir avec un réservoir permet de palier à un déficit de débit si celui-ci n’est pas trop important.
Température
La température de l’eau influence la quantité bue et le maintien de l’équilibre des microorganismes du rumen. La température idéale se situe entre 15 et 25°C environ. Le pH et la température du rumen sont alors plus stables tout au long de la journée (ph>5.8, 39°C) et la quantité de matière sèche ingérée augmente (2, 3).
Propreté
Les vaches ayant accès à une eau contaminée par de la matière organique réduisent leur consommation d’eau de 10 à 28% (4). De plus il a été démontré que les cas de cétose peuvent augmenter de 30% dans les troupeaux où l’accès à l’eau est limité (moins de 5cm/vache et 1 seul point d’eau) et où l’eau est souillée par de la matière organique (5).
Il est alors primordial de veiller à maintenir les abreuvoirs le plus propre possible. Un siphon de vidange ou un système de vidange à bascule sont des éléments très utiles.
Niveau de contamination de l'eau de boisson | Baisse de la consommation d'eau |
0.05 gr de fumier/litre d'eau | -10% |
1 gr de fumier/litre d'eau | -28% |
Facilité d'accès
Afin d’assurer santé et performances zootechniques l’accès aux points d’eau pour les vaches doit être facile à tout moment de la journée et quel que soit l’endroit où elles se trouvent.
Les abreuvoirs doivent remplir les conditions suivantes (6) :
- Longueur : 5 à 10cm par vache présente
- Hauteur : 60 à 80 cm du sol
- Profondeur : au moins 8 cm
- Mise à la terre
- Espace suffisant pour que 20 % des vaches d'un groupe puissent boire en même temps
- Situés à moins de 15 m de la table d’alimentation ou à chaque intersection (couloir de passage entre les rangées de logettes)
- Immédiatement accessible après le retour de la traite.


Qualité physico-chimique
Une eau bien consommée et qui assure une bonne santé doit posséder des caractéristiques physico-chimiques dans les normes. Au-deçà ou en-deça de certains seuils des risques apparaissent (7) :
Critère physico-chimique |
Seuil |
Indications et risques |
pH |
<6 >8 |
Eau appétante mais corrosive si dureté faible Eau propice aux développements bactériens Inefficacité du chlore |
TH |
<10 >25 |
Eau très douce, risque de corrosion si pH acide Eau dure, risque d’entartrage et de neutralisation du chlore |
Fe et Mn |
Fer > 0,2 mg/l Mn > 0,05 mg/l |
Dépôt dans les canalisations, neutralise le chlore. Risque de réduction d’assimilation du cuivre |
Nitrate/Nitrite |
Nitrate > 50 mg/l Nitrite > 0,05 mg/l |
Risque d’anoxie chez les veaux |
Au même titre qu’une analyse microbiologique, il est fortement recommandé de réaliser une analyse physico-chimique à minima 1 fois par an.
Analyse bactériologique
Il est impossible de rechercher l’ensemble des micro-organismes potentiellement dangereux pour la consommation. C’est pourquoi l’analyse est ciblée sur un certain nombre de germes témoins de contamination fécale ou d’un défaut d’entretien du réseau (8). Une eau de qualité ne doit contenir aucun de ces germes. Le cas échéant un traitement adapté devra être mise en place rapidement.
Critère bactériologique |
Indications et risques |
Coliformes totaux |
Témoin du niveau de contamination bactérienne de l’eau. Favorisent les biofilms |
Coliformes et Entérocoques fécaux |
Témoin de contamination d’origine fécale. Risque d’infection bactérienne élevé |
Flore totale 22°C |
Important si eau de surface destinée au lavage des griffes, des trayons et du tank |
Anaérobies Sulfito-Réducteurs |
Témoin d’une contamination ancienne ou d’un défaut d’entretien des canalisations |
L’eau est un élément central dans la bonne gestion de la santé et de la productivité. Une alimentation bien raisonnée passe aussi par une mise à disposition adéquate en qualité et quantité de ce nutriment essentiel.
Bibliographie
- Murphy MR. et al. Factors affecting water consumption by Holstein cows in early lactation. Journal of Dairy Science, 1983.
- HE T. et al. Heating drinking water in cold season improves growth performance via enhancing antioxidant capacity and rumen fermentation function of beef cattle. Antioxydants, 2023
- Grossi S. et al. Effects of heated drinking water on the growth performance and rumen functionality of fattening charolaise beef cattle in winter. Animals, 2021.
- Schutz KE. et al. Manure contamination of drinking water influences dairy cattle water intake and preference. Applied Animal Behaviour Science, 2019.
- Couto-Serrenho et al. Association of herd hyperketolactia prevalence with transition management practices and herd productivity on Canadian dairy farms—A retrospective cross-sectional study. Journal of Dairy Science, 2022.
- Becker C. Don’t Overlook the Importance of Water in the Diet. Dairy Herd, 2021.
- Lamer JC. L’abreuvement des bovins. Quantité et qualité de l’eau sont fondamentales. La lettre Synthèse Elevage, 2013.
- Belay M. Gestion de l’eau d’abreuvement en élevage des ruminants. Thèse vétérinaire, 2023.
Cet article est rédigé par Christian Engel, DMV Chêne Vert.

Christian Engel est diplômé d'Oniris depuis 1997.
Il a rejoint Chêne Vert en 2018 et exerce depuis en consulting vache laitière sur le site de Lécousse.